Insalubrité chonique
Conakry, ville propre. Telle est la visée théorique de nos différents gouverneurs
qui se sont succedés jusque là sans pour autant se concrétiser de manière permanente.
Du puissant M'bemba Bangoura à l'actuel Soriba Sorel Camara, Conakry n'a connu que des promesses creuses et des opérations de charme quant à son hygiène et sa salubrité. En ces pluies torrentielles, la cité vomit tout ce que ses habitants enfouissent dans ses tripes. Il suffit de quelques gouttes tombées du ciel pour voir nos concitoyens déverser leurs résidus dans les caniveaux faute de dépotoirs d'ordures et déchets. Si dans plusieurs pays ces ordures constituent un moyen avantageux en transformation énergétique, chez nous elles sont sources de maladies et d'odeurs infectes.
En plein cœur de la capitale, l'atmosphère est immonde. De loin, on croirait voir des montagnes au centre-ville sauf que ce sont des ordures entassées les unes sur les autres. Faites un tour dans nos marchés que ce soit à Madina, Matoto, Entag... Vous saurez combien notre santé publique est exposée et vulnérable. Submergées de boue pâteuse, les pieds plongés dans les ruissellements, les eaux stagnantes et les odeurs de pisse, nos braves mamans n'ont plus le choix entre affronter le pire pour ramasser des miettes et croiser les bras en attendant de mourir de faim avec plus d'une bouche à nourrir.
Conakry pue, son parfum quotidien n'est plus celui des arbres qui bordent ces artères mais celui des canaux d'évacuation des w.c avec leurs eaux nauséabondes et noires couronnées par des moustiques et des insectes néfastes. Où vont les millions de francs payés chaque jour par les vendeurs et magasiniers pour des fins d'assainissements ? Où entassons-nous le peu d'ordures collectées sporadiquement dans les quartiers?
Tout le monde salit! du gouverneur au gouverné parce qu'il n'y a pas de politique de sensibilisations et d'éducation au sein du populo. Lorsque vous sucez une orange ou buvez un sachet d'eau, que votre poche soit votre poubelle! A moins de faire comme tout le monde, jeter quelque part dans la nature. Regardez un certain quartier de la capitale! Je veux parler de Comboss à Hamdallaye-Concasseur communément appelé Radar. Làbas, on se croirait au sommet du Kilimandjaro tellement que les ordures ont poussé les unes sur les autres. Ces ordures brûlées jour et nuit ont fait de ce coin un environnement sombre aux fumées épaisses et aux odeurs de brûlis irrespirables. Les égouts se bouchent, les caniveaux rejettent, vous risquez même de surprendre votre voisin le plus proche entrain de déposer ses ordures devant votre porte car il n'y a pas d'endroit indiqué. Il n'est vraiment pas étonnant de voir la capitale toute entière aussi désagréable quand vous passez derrière le gouvernorat de la ville de Conakry! Là, les odeurs insupportables vous montent le cœur à la bouche. Tout Kaloum sent, les habitants de làbas ont tellement respiré ces odeurs qu'ils n'en sont plus sensibles. Que des milliards et des milliards du contribuable déboursés pour des résultats neutres!
Conakry ne sera propre que lorsque chacun, du plus haut perché au citoyen lambda saura que nettoyer c'est bien mais ne pas salir c'est encore meilleur.
Mamadou Pathé Dieng, professeur d'anglais à BETTA STUDY CENTER
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