Interview de Mr Ousmane Diallo
*CONAKRY-Dans cette interview, Ousmane Diallo, membre du Bureau exécutif de l’UFDG et candidat à la députation de Gaoual, revient sur son parcours, ses ambitions politiques, la place qu’occupe l’UFDG à Gaoual, son combat politique. Bien d’autres sujets ont été abordés dans cet entretien qu’il nous a accordé.
Qui est Ousmane Diallo ?
Ousmane Diallo : Mes racines sont, multiethniques et culturellement cosmopolites. Je suis né à Labé d’un père ingénieur né lui-même à Kakoni (Gaoual) et d’une mère enseignante originaire de Kita (République du Mali).
Je suis le 4ème enfant d’une famille de 8 (5 filles et 3 garçons).
Je suis marié avec Mme DIALLO Néné Ami Barry que j’ai connue au collège. Mon épouse titulaire d’un DEA de Droit et d’un Master en Ressources Humaines. Elle est l’arrière-petite-fille de l’Almamy de Timbo et nous sommes parents de 5 adorables enfants.
C’est à Gaoual pour l’essentiel que s’est construite mon éducation. C’est là que j’ai été initié, comme le diraient les anciens, aux valeurs traditionnelles de notre culture notamment grâce à la bienveillance d’une mère dévouée et aimante pour ses enfants mais rigoureuse sur les principes et ouverte sur les autres dans un milieu multiculturel passionnant.
C’est dans cette ambiance de transition entre la culture traditionnelle et la modernité, un carrefour entre la basse Guinée et le Foutah d’une part, la Guinée-Bissau et le Sénégal d’autre part. Un carrefour de rencontres entre les cultures Balantas, Koniagui, Bassari, Soussou, Diakanké, Nalou, Mikhiforé, Peules, Malinké … que j’ai grandi. C’est là que s’est forgé mon éducation et ma personnalité.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre descendance ?
Mon grand-père Mamadou Saliou DIALLO (Balla Koïn) est arrivé en provenance de Laafou Kollebhé (Koïn) dans le sillage d’Alpha Aliou (chef du Kinsi) établi alors à Djan-Welli (10km de Kakoni vers Warra). Plus tard, le grand père s’établira sur les rives du fleuve Kakoniwol avec son épouse Aïssatou DIALLO elle-même originaire en partie de Mouminia (Sagalé) et de Boulléré. A cette époque Kakoni qui n’était qu’une brousse inhabitée et même, selon la légende, hantée par les esprits. Mais téméraire qu’était mon grand-père, c’est contre tous qu’il décida de s’y établir. Petit à petit le village prit forme et c’est dans les années 1944 que le chef du canton installé jusqu’alors à Warra (20km de Kakoni) décida de s’y établir. Mon père El hadj Mamadou Saïdou DIALLO né en 1936 à Kakoni fit sa scolarité à Gaoual qu’il poursuivra par la suite à Katibougou (République du Mali) où il rencontrera ma mère Fanta KONE alors élève dans un séminaire. Aujourd’hui Fonctionnaires à la retraite ils profitent de leurs nombreux et petits enfants.
Quel est votre parcours ?
C’est à l’école primaire Alpha Yaya DIALLO de Gaoual que je suis entré à l’école sous la direction de deux maîtresses (Mme Bilguissa) et de Mme Sogbé (épouse d’El hadj Amadou Binani).
Je me souviens encore des rappels à l’ordre des maitresses me poussant à me concentrer alors que je ne comprenais ni ne parlais la langue pular qui était dispensée dans les écoles. Nous avions quand même l’avantage de bénéficier des cours en français à domicile, car, comme je l’ai indiqué plus haut, ma mère était elle-même enseignante et ne parlait pas la langue pular à cette époque comme nous tous d’ailleurs.
Plu tard nous sommes venus à Conakry où j’ai intégré le collège de Donka avant de décrocher mon baccalauréat au lycée Yimbaya. C’est en France que j’ai effectué l’essentiel de mes études universitaires d’abord à l’université de Lyon 2 et Lyon 3 où j’ai obtenu respectivement un DEA en Sciences de Gestion, un DESS en Informatique et un DU en Nouvelles Technologies de l’Information avant d’aller décrocher un Master en Management à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Montréal (HEC de Montréal).
Ma carrière professionnelle commence à Paris comme ingénieur dans une grande société de conseil en Ingénierie Informatique (Altran Technologie). Elle se poursuit aujourd’hui comme expert dans les systèmes décisionnels au sein d’une SSII (Keyrus).
Ce parcours universitaire et professionnel sera jalonné d’une pratique sportive de haut niveau qui m’a vu participer avec l’équipe nationale guinéenne à plusieurs compétitions internationales dont les jeux Olympiques (Séoul 1988), les jeux africains (Nairobi 1987, Caire 1992), un championnat du Monde (France 1987), des Championnats d’Afrique (Tunis 1989 et 1995, Maroc 1991), des Championnats de France (de 1990 à 1997) et bien sûr les Championnats de Guinée (de 1985 à 1990). Je poursuis encore cette passion en ma qualité d’entraineur.
Comment êtes-vous entré en politique ?
Je suis entré en politique très jeune, d’abord au sein des différents mouvements estudiantins qui, pour la première fois, ébranlèrent le pouvoir militaire à la fin de la décennie 80. A l’avènement du multipartisme, j’ai milité activement au sein du Parti Guinéen du Progrès (PGP) dirigé alors par El hadj Abdoulaye Portos DIALLO. Mes convictions politiques m’amènent naturellement à rejoindre l’UFDG dirigé par El hadj Cellou Dalein DIALLO auprès duquel je continue d’agir.
A la suite de ce scrutin présidentiel, grâce à cette gigantesque fraude mise en place par le RPG et qui a permis à la coalition de l’Arc-en-ciel d’emporter par effraction l’élection présidentielle, la Guinée devait marquer sa renaissance démocratique. Cette déception n’a fait par ailleurs que redoubler mon engagement et ma disponibilité pour le rayonnement de l’UFDG et l’instauration d’une démocratie véritable en Guinée.
Bien qu’étant un fervent défenseur de la Constitution et du pluralisme, je reste convaincu que c’est au tour de l’UFDG qu’un large rassemblement des républicains peut se construire pour offrir une alternative de progrès et de développement à la Guinée et éviter ainsi à notre pays de sombrer encore sous une dictature latente.
Et lorsque cela est nécessaire, mes prises de position sont sans concession face au dévoiement de la République. Il n’est pas question d’hésiter devant une autorité lorsque celle-ci viole délibérément les lois de la République. Je suis toujours engagé à lutter pour une société démocratique, libérale, ouverte et tolérante. L’exigence d’intégrité dans la vie politique, la lutte contre le tribalisme et contre la corruption sont quelques uns des axes forts de mon engagement politique.
Comment est-ce que vous percevez la récente nomination de Lounceny CAMARA au gouvernement?
C’est un acte irresponsable et de provocation. Mais il faut peut-être y voir un signal du président de la République à la nouvelle direction de la CENI. Pour dire à Bakary FOFANA s’il agit dans le sens souhaité ou indiqué par le président alors un poste ministériel l’attend bien au chaud. Par cet acte le Président de la République montre encore le peu de considération qu’il a pour nos institutions. Car, franchement, Lounceny Camara ne s’est pas distingué par sa connaissance et sa probité pour être parachuté à ce niveau, car sa place est plutôt devant un tribunal qu’ailleurs.
Justement, que pensez-vous de la nouvelle CENI ?
Il n’y a pas grand-chose à penser. Il faut attendre les premiers actes pour juger le comportement du Président de la CENI et des commissaires. Même si, bien entendu, nous avons un préjugé défavorable sur M. Fofana.
Comment se porte votre parti, l’UFDG, à Gaoual ?
A l’instar des autres préfectures du pays, l’UFDG se porte bien à Gaoual avec les structures de base dynamiques qui se renforcent chaque jour. Les deux fédérations du parti continuent d’enregistrer des adhésions importantes. La dernière visite du président Cellou Dalein dans la préfecture a requinqué les militants. Juste après cette visite, je me suis rendu dans toutes les sections UFDG de la préfecture et rencontré tous les responsables locaux et notamment les jeunes de Gaoual-centre, Malanta, Kounsitel, Touba, Wedou-Mborou, Foulamory et Koumbia. Il faut souligner que les activités du parti comme celles de toute l’opposition sont entravées régulièrement par le pouvoir du RPG qui a du mal à s’accommoder à la démocratisation et à la libre pratique de la pluralité politique.
Bientôt l’organisation des élections législatives. Est-ce qu’on peut connaitre vos ambitions politiques ?
Dans un premier temps nous nous battons pour obtenir l’organisation des élections législatives transparentes, justes et crédibles dans un climat apaisé. Ensuite nous allons agir pour faire en sorte que notre parti, l’UFDG, triomphe dans toutes les élections pour offrir à notre peuple le rêve de démocratie et de liberté contenue dans notre Constitution. En contact avec nos structures à la base, nous explorons aujourd’hui toutes les possibilités pour que Gaoual soit dignement représenté à l’Assemblée nationale par une nouvelle génération ayant une vision claire et capable aussi de faire participer nos compatriotes de l’étranger à la construction de notre préfecture. Nous avons besoin de renouveau sur tous les plans avec une génération de rupture capable de rassembler sur les questions essentielles de développement. Et surtout une génération volontariste, audacieuse et prête à porter les idéaux de l’ufdg au pouvoir. De ce fait, je reste aussi très attentif à la situation politique de cette circonscription, bastion de l’UFDG.
Quelles sont vos chances de gagner la confiance des citoyens de votre préfecture ?
Dans une préfecture où l’UFDG a obtenu plus de 95% des suffrages lors de la présidentielle, il va s’en dire que les chances de gagner du candidat de notre parti sont considérables, même s’il faut être vigilant face à la volonté manifeste des autorités de frauder. Nous allons nous organiser pour faire en sorte que les votes soient comptabilisés.
Ma relation avec la préfecture est ancienne et surtout bien connue de mes compatriotes, car très tôt, je me suis engagé dans des actions sociales en collaboration avec la jeunesse de Gaoual.
Vous comprendrez à la lecture des actions ci-dessous que je suis un homme d’action au contact avec la réalité locale de Gaoual et qui n’a pas eu besoin d’un mandat pour s’investir auprès de ses compatriotes et pour les causes publiques d’importance.
Dès les années 90, j’ai mis à profit mon temps libre pour aller donner des cours au lycée de Gaoual pour palier à l’absence créée parce que la plupart des enseignants affectés dans cette préfecture enclavée n’y venaient pas.
·En 1993, à la tête d’une association locale, j’obtiens un financement d’une ONG française Entraide Médicale Internationale (EMI) qui nous a permis de construire un terrain de basket et de volley pour les jeunes de Gaoual.
·2005 : En collaboration avec l’association des jeunes de Gaoual pour le développement, j’ai ouvert un centre informatique gratuit à Gaoual avec un groupe électrogène (frais de carburant inclus) pour permettre à notre jeunesse de découvrir l’outil informatique.
·Depuis 2007 j’ai mis en place un programme de parrainage pour les étudiants originaires de Gaoual désirant poursuivre leurs études en France. Ce programme nous a permis d’aider 10 personnes dont deux sont aujourd’hui des docteurs d’Etat.
·2009 : J’ai collecté depuis la France un demi-container de livres et autres manuels scolaires que j’ai envoyés pour les collèges et lycées de Gaoual.
·2009 : Grâce au financement de 30% par la Banque Mondiale (Programme d’électrification Rurale de Développement BERD) j’ai pu électrifier tout le village de Kakoni et ses 7000 habitants.
·2010 : Lors de phase finale de la coupe du monde de football en Afrique du Sud, j’ai offert l’installation des kits satellites aux sous-préfectures de Kakoni et Koumbia et de la commune urbaine de Gaoual-centre pour permettre à notre jeunesse de vivre l’événement mondial à l’instar des jeunes du monde entier.
·2010 : Par un financement personnel et avec la mobilisation des populations de Wedou-Mborou, nous avons pu réaménager une mosquée.
·2011 : Lors de la tragédie provoquée par les incendies à Gaoual, Missira et Mandinki, Houmbaya et Kounsitel, j’ai mobilisé l’ensemble des ressortissants de Gaoual en France, en Espagne, en Angola et aux USA pour venir en aide aux sinistrés. Cette mobilisation a permis de réunir plus de 100 millions de francs guinéens.
Cette implication tout azimut m’a amené à mobiliser les ressortissants de Gaoual éparpillés dans le monde pour les sensibiliser à leur indispensable implication dans le développement de notre circonscription. Créant ainsi le pont entre nos compatriotes dans un élan patriotique nouveau.
Quel appel avez-vous à lancer aux populations de Gaoual ?
Que ceux qui sont installés au pouvoir par effraction et qui gouvernent par l’injustice et le tribalisme ne réussissent pas à semer la discorde dans nos rangs.
Gaoual est un environnement « multiethnique » et multiculturel qu’il faut préserver. C’est pourquoi nous devons résister et dénoncer l’ethno-stratégie voulue et mise en place par le pouvoir du RPG.
A chaque occasion, je n’hésite pas à donner de la voix contre l’impunité qui est maintenue en Guinée, contre l’arbitraire, les nominations ethniques, la stigmatisation des communautés, l’absence de perspectives pour le peuple et les risques de confrontations ethniques, sans une prise de conscience générale des gouvernants.
Il faut donc que les populations de Gaoual se rassemble autour d’objectifs locaux de développement dans la ligne du projet de société proposé par l’UFDG pour une Guinée unie et prospère. Nous devons continuer à vivre dans la coexistence et le respect de nos diversités.
Interview réalisée par Macky DAFF
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