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Archives guineepress.info 2008-12-03 15:35:37 

Le monde s’est toujours demandé comment et pourquoi des personnes qui participent à des réunions d’opposants à l’extérieur sont dénoncées et condamnés par Sékou lui-même dans les jours qui suivent. Finalement, tous les intellectuels guinéens de l’extérieur seront condamnés à mort par contumace. Sékou et son PDG avaient un agent à l’extérieur, au cœur de l’opposition. Le principal traître et responsable de tous les échecs et de la méfiance au sein de l’opposition guinéenne jusqu’à nos jours est incontestablement ce vieux Jean Marie Doré. Les forces du changement doivent en tenir compte maintenant.

Nous venons de lire un article dans Guineenews confirmant les rumeurs selon lesquelles Jean Marie Doré était un espion au compte du régime PDG de Sékou Touré. L'actuel ministre de la sécurité Madifing Diané dit avoir travaillé étroitement avec Jean Marie Doré quand ce dernier était au BIT (Bureau International du Travail à Genève), au moment où il (Madifing Diané) était chargé de la sécurité présidentielle de 1971 à 1984 ! ( lire l’article )

Concernant le 22 novembre 70, je reste convaincu que Siradio tout comme la plupart des importants cadres et opposants guinéens basés à l’extérieur à cette époque ont été mêlés à la préparation de cette action de grande envergure. Bien qu’à des degrés différents.

Je rappelle que dans le passé, en juillet 2004, il a été révélé qu’à propos du 22 novembre 1970, Jean M. Doré a lui-même affirmé, au cours d’une conférence de presse, être la personne qui est partie voir le gouvernement portugais dans ce cadre et il a parlé du responsable du mouvement qui était un certain David Soumah. L'on sait aussi qu’à l’époque, Sékou Touré lui-même avait cité Naby Youla comme un des responsables de l’agression. Ce dernier sera même conseiller de Lansana Conté pendant un bon temps.

Siradio n’était donc qu’un des responsables du coup, à côté de beaucoup d’autres, y compris le traître Doré en personne. L’opération 22 novembre n’est pas une imagination et certains acteurs dont Jean Marie Doré vivent encore.

Le tort des responsables de cette opération est de ne pas avoir été assez prudents pour ne pas s’apercevoir du double jeu d’un pourri et indigne de confiance comme J. M. Doré, malgré ses multiples va-et-vient en Guinée où il rencontrait Sékou Touré : comment être dans un groupe d’opposants, tous condamnés à mort par le régime, et passer régulièrement ses congés en Guinée et même déjeuner avec Sékou Touré ?
Ils ont manqué de responsabilité en continuant à travailler avec ce traître Doré sachant qu’ils vont embarquer des milliers de Guinéens pour aller combattre ce même régime. Même la villa que Jean Marie Doré occupe aujourd’hui et prétend avoir achetée lui aurait été offerte par Sékou Touré pour services rendus. D’ailleurs, peu de temps après l’agression 70, Jean Marie Doré a fait un séjour en Guinée.

Comment est-ce que des opposants d’un tel régime peuvent-ils se montrer si naïfs et irresponsables pour planifier ce genre de projet avec un type pareil qui allait régulièrement en Guinée à l’époque ?

C’est ce que je trouve à condamner dans cette affaire et non l’idée courageuse d’utiliser la force pour libérer la Guinée d’un fou et pervers sanguinaire qui confisque la liberté d'une Nation, utilise la force et des tueries massives pour se maintenir au pouvoir ! Un fou et pervers qui va jusqu’à obliger les écoles primaires à faire assister les enfants à des pendaisons publiques sur tout le territoire national. D’ailleurs, peut-on en vouloir à Alpha Condé, à Siradio Diallo ou à un David Soumah etc. de prendre les armes contre quelqu’un qui les a condamnés à mort et qui étaient en train d’égorger d’autres intellectuels au pays ? Libérer la Guinée de ce Satan était un devoir de tout patriote. Hélas, Jean M. Doré a été associé. Il est temps de faire payer à ce traître ses forfais qui ont coûté la vie à des milliers de compatriotes et des membres innocents de leurs familles.

Rien non plus ne peut justifier la barbarie et sa forme que Sékou a rependues sur des familles guinéennes à cause d’un parent opposant.

Le plus inquiétant aujourd’hui, c’est de savoir que l'actuel ministre de la sécurité Madifing Diané est la personne qui était chargée de la sécurité présidentielle de 1971 à 1984. A ce titre il est donc associé à tous les crimes perpétrés à cette époque.
Je rappelle que toutes les pendaisons et autres cruautés ont été commises pour assurer la sécurité du dictateur Sékou Touré. Qu’a-t-il fait en avril 1984 pour protéger la famille présidentielle lors du coup d’Etat du CMRN (Comité Militaire de Redressement National) ? Aurait-il livré la famille de Sékou et d’autres parents pour ne pas seulement rester en vie mais devenir si proche de Lansana Conté au point qu’on lui confie un poste si stratégique aujourd’hui ? S’il n’a pas été tué lors et après le coup Diarra, c’est certainement parce qu’il jouait pour Conté.

Keira, ministre chargé des affaires présidentielles, ce Madifing Diané, chargé de la sécurité et d’autres PDGistes dans le même gouvernement avec un président Conté mourrant ? Conté est-il conscient qu’il passe le pouvoir au PDG ? Souaré qui dit avoir choisi ses ministres est-il crédible ou se fait-il utiliser ?

Je signale ici que dès que Keira a été nommé à la présidence, ses premières occupations ont été de reformer la garde présidentielle à son profile, réorganiser l’armée à son goût avant de faire nommer ce Madifing Diané au ministère de la sécurité et Lounseny Nabé aux mines.

Qui a vraiment le pouvoir aujourd’hui en Guinée ? Si M. Diané sort de la réserve coutumière maintenant, c’est bien parce qu’il a confiance que le PDG a repris le pouvoir en  Guinée.

Pourquoi enlever Mohamed Damba pour mettre un vieux comme Madifing Diané si ce n’est dans le cadre d’une stratégie de récupération du pouvoir ?

Nous devons être vigilants et plus que jamais déterminés à dire « NON » à un nouveau pouvoir du PDG en Guinée. Et cela avec tous les moyens possibles. Le changement démocratique tant espéré en Guinée et notre survie en tant que Nation en dépendent.

Tous les cadres du PDG n’étaient pas mauvais ou associés aux crimes horribles qui ont traumatisé le peuple de Guinée. Pourquoi Lansana Conté choisit-il aujourd’hui de remettre le pouvoir aux membres du PDG associés aux crimes ?

Nous devons redoubler d’efforts et nous soulever contre la marionnette Souaré et son gouvernement qui est en train d’opérer ce transfert de pouvoir en douceur. Souaré est tellement impliqué dans le bradage des ressources industrielles du pays que sa préoccupation actuelle est de ménager le clan Keira-Mamadou Sylla qui semble avoir le dessus en ce moment. Il dit reformer l’administration sans oser toucher aux préfets tout en rendant Sylla plus fort que jamais !

J’ai perdu ma tante et plusieurs oncles, comme beaucoup d’autres Guinéens, sans avoir le droit de les enterrer ni même savoir dans quelle fosse commune reposent leurs restes. Keira et Madifing Diané le savent.

D’après mes informations venant de la présidence, lorsque le ministre de la reconcilliation Bah Oury a voulu rendre les corps des jeunes forestiers (Julien Onivogui,  Francis Loua et  Togba Guilavogui) massacrés innocemment en 2000 à Cosa, Keira qui n’était pas content de la mesure et qui gère le garage du gouvernement avait refusé de fournir le véhicule que demandait le ministre de la réconciliation pour le transport des corps. Il aurait fallu une intervention du Président Conté lui-même, alerté par un cadre de la présidence qui s’était inquiété du scandale qui allait en résulter. Bah Oury lui-même n’aurait pas compris ce qui s’est passé, d’après mon informateur. Il devrait quand même avoir constaté que Keira avait mis beaucoup de temps pour donner suite à sa demande.

Si donc les enfants des tortionnaires s’emparent du pouvoir par la force d’une partie de l’armée et de la police réaménagée par Keira et Madifing Diané, sans processus électoral juste et transparent, je ferais partie des personnes qui prendraient immédiatement les armes pour les empêcher de s’asseoir cette fois-ci. Je préfère mourir que de laisser mes enfants vivre un retour du PDG au pouvoir en Guinée.

Peut-être que le clan Conté est bien conscient de ce qu’il fait et utilise volontairement des PDGistes aux postes stratégiques sachant que d’autres ne les laisseraient pas renverser son régime. Il joue sur cette corde et des tensions sociales pour assurer sa survie depuis 1985.
Il finira par faire tomber toute sa famille dans son piège. Quand ça va éclater, ils seront les premiers à faire les frais des haines et divisions qu’il sème depuis longtemps en Guinée. 

A. Boubacar Barry,
Pays-Bas