Sous Préfecture de Touba
Tout sur l’histoire de la Sous préfecture de TOUBA
Les Diakanké Qadria de Touba
Le groupement de Touba, fortement atteint depuis 1911, par l'arrestation de son chef Karamoko Sankoun, a été au dix-neuvième siècle la métropole des études islamiques du Fouta. Touba, à la lisière septentrionale du Fouta-Diallon, et Kankan sur le Milo, étaient les deux villes saintes de la Guinée. Touba n'a rien de Foula. C'est une ville de création et de peuplement diakanké, et à ce titre elle serait même suspecte aux particularistes foulas. Ceux-ci ont dû pourtant s'incliner devant la réelle autorité scientifique des marabouts de Touba, et ont envoyé, du Labé et du Kadé, nombre de leurs enfants y parachever leurs études, dans tout le cours du dix-neuvième siècle.
I — Les Origines
A. Karam Ba.
Touba a été fondé vers 1815 par un pèlerin diakanké, Karamoko Ba (le grand marabout), plus connu sous le nom abrégé de Karam Ba, et dont le vrai nom était Al-Hadj Salimou. Sa famille était originaire du Boundou et appartenait au clan des Gassama. La tradition écrite rapporte que son arrière-grand-père Abdallah habitait Dikissen Komé, village sis entre le Khasso et le Doundou. Abdallah et son fils Touré Fodé émigrèrent dans le Tenda et s'établirent au village de Safalou. C'est là qu'ils moururent et furent enterrés (dix-septième siècle). La légende relate qu'Abdallah, plus connu sous le nom de Mama Sambo, fut un chef guerrier et pillard qui détruisit nombre de villages et en fonda d'autres, notamment ceux qui portèrent le nom de Oulli Soutourou. Deux de ses fils, Youssoufou et Fodé, qui avaient fait leurs études auprès du plus grand marabout du temps, Hadji Salimou Souaré, furent des lettrés de valeur. Mama Sambo était d'origine arabe (!), se rattachant à Djabir, fils d'Abdallah, de l'époque hégirienne. Mamadou Fatouma, fils de Touré Fodé, revint dans le Boundou et y créa le village de Didé. Il y mourut (dix-huitième siècle). Son fils, Karam Ba, y était né vers 1730. A la mort de son père, vers 1750, il abandonna son village, où restait son frère Diakha Salimou, et se rendit à Kounten, dans le Yani; il y étudia l'exégèse coranique avec Cheikh Othman Derri. La tradition familiale est très explicite sur le cycle des études que parcourut le jeune Karam Ba. Il peut être cité en détail ici, car il éclaire d'un jour singulier la vie de I'étudiant islamique en pays noir, au dix-huitième siècle. Après un court séjour à Didé, Karam Ba alla étudier le Précis de Khalil, à Kangourou (Khasso), auprès du Cheikh Ibrahima Diani Kandiourou Ba, les Séances de Hariri auprès de Fodé Khassane Kakou; puis il se rendit à Diounbourou et y apprit la grammaire avec Fodé Omar Touré. A Barouna (Baghna), il étudia la théologie : le Fiqh avec Hassan le Poullo, et les cinq livres de Sanoussi avec Fodé Bakar Dibakiti. Il accompagna ce dernier qui se rendait à Dienné. C'est dans ce centre islamique que l'étudiant fit ses études supérieures. Il s'attacha à un maître de grand renom, Alfa Nouhou, Poullo originaire du Macina. Il eut aussi comme professeurs :
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Alfa Hâtibou, qui lui enseigna le Chifâ du cadi Aiad et le Çahih de Bokhari
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Alfa Raha, qui lui enseigna l'art des carrés magiques
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Oumarou Nahouni, qui lui enseigna la grammaire et la langue arabes
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Mamadou Toumadiou
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Mamadou Kharachi
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Mamadou Roulli
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Mamadou Kamissatou
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Mamadou Taslimiou, « ainsi nommé du village de Talisma qu'il fonda dans le pays de Dienné et à qui sa sainteté valut une grandeprospérité ». Mamadou Taslimiou devait revenir dans le Macina quelques années plus tard et y fonder un autre village du nom de Taslima.
La tradition rapporte que les professeurs de Karam Ba furent, à Dienné, au nombre de 18. C'est dire qu'il suivit les cours de tous les savants du pays. Quand il quitta la ville, il savait pleinement « quarante sciences ». Karam Ba se rendit ensuite à la ville sainte de Kankan, où il resta trois ans, puis à Timbo, où il séjourna un an, et capta la confiance des almamys du Fouta; ses études étaient finies; elles avaient duré trente ans. Il se rendit alors dans le Ouara et avec l'autorisation du chef du diiwal de Labé, Modi Abdoulaye, y fonda un village à qui il donna le nom de Touba (vers 1804). Après un séjour de onze ans, il dut évacuer le pays, par suite des incursions perpétuelles des gens du Tenda qui ne cessaient de lui tuer ses talibés. Il abandonna donc Touba, devenu Touba-Koro (Touba l'ancienne), et vint dans le Binani où il fonda une nouvelle Touba. Cette fois, son installation était définitive (vers 1815). Il devait s'y éteindre vers 1829, à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans. Karam Ba laissait douze fils. Leurs multiples rejetons constituent aujourd'hui une grande partie de la population de Touba. Ils ont, en outre, essaimé dans les Guinées portugaise et anglaise [Sierra Leone], ainsi qu'en Casamance. Ces douze fils sont:
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Mamadou Kabir
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Mamadou Diakhaka
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Mamadou Sanoussi
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Mamadou Kasso
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Mamadou Bokhari
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Mamadou Tassilimou
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Mamadou Ciré
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Mamadou Kamissatou
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Mamadou Kharassi
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Mamadou Rolli
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Mamadou Tomadio
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Mamadou Bounali
On pourra voir leur descendance en annexe. A la mort de Karam Ba, ce fut son sixième fils, Mamadou Tassilimou, qui hérita de son influence spirituelle.
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